L’histoire du Tour des Yoles : Une tradition martiniquaise ancrée dans les flots

Impossible de parler des grandes vacances en Martinique sans évoquer le Tour des Yoles Rondes, cet événement unique au monde qui enflamme les côtes et les cœurs. Mais savez-vous d’où vient cette tradition à la fois sportive, culturelle et profondément identitaire ?

Aux origines : la naissance de la yole ronde

Tout commence dans les années 1940, au François, lorsque un charpentier imagine un nouveau type d’embarcation. En fusionnant les savoir-faire traditionnels du gommier (taillé dans un tronc d’arbre du même nom) et de la yole à fond plat, il donne naissance à la yole ronde : un bateau léger, rapide et maniable, capable d’affronter la haute mer.

À l’époque, la yole n’est pas encore un symbole festif. Elle est avant tout un outil de travail pour les pêcheurs en haute mer. Les voiles ? Elles sont faites de sacs de jute transportant la canne à sucre, et les défis entre marins ne sont qu’un jeu entre collègues : à qui rentrerait le plus vite au port avec, pour enjeu, une tournée générale à offrir de la part du perdant.

Des courses improvisées aux Kous Cannot Arété

Ce folklore maritime inspire un certain Georges Brival, publicitaire, qui a l’idée brillante d’organiser de véritables courses de yoles. Ces « kous canot arrêté », compétitions entre embarcations identiques, rencontrent un succès immédiat. Elles deviennent rapidement des temps forts lors des fêtes patronales du Robert, du François et du Vauclin.

La première compétition officielle de yoles est organisée en 1960. L’engouement est tel qu’il devient évident que ce sport mérite une scène à sa mesure.

Il faut attendre 1972 pour que naisse la Société des Yoles Rondes et Gommiers, présidée par Georges Brival, qui continue de faire vivre la tradition.

Le Tour des Yoles : un pari devenu emblème

En 1966, une poignée de passionnés lance une idée folle : faire le tour de la Martinique en yole ronde. Quatre embarcations prennent le départ, répartis sur cinq étapes. L’année suivante, l’expérience est renouvelée avec une version à quatre étapes, mais l’édition de 1968 est annulée en raison de conditions de navigation difficiles.

Et c’est en 1985 que Georges Brival relance le Tour des Yoles de manière structurée, avec un coup de génie : autoriser la publicité sur les voiles. Cela permet aux associations de yoleurs de trouver des financements, et de professionnaliser l’événement.

Ce tout premier Tour publicitaire ainsi relancé est remporté par Désiré Lamon, à bord de la yole MONOPRIX.

Une institution martiniquaise

En 1989, Alain Dédé prend la relève à la présidence, et en 2010, la Société devient la Fédération des Yoles Rondes de Martinique, marquant une rupture définitive avec la tradition du gommier. En 2019, Alain Richard lui succède à la tête de l’organisation.

Hormis une pause imposée durant la crise sanitaire, le Tour des Yoles a lieu chaque grandes vacances depuis 1985. Il est devenu l’événement incontournable de juillet-août : des milliers de spectateurs suivent les étapes par la mer, sur des bateaux suiveurs, ou sur terre, le long des côtes martiniquaises.

Bien plus qu’une course : un patrimoine vivant

Le Tour des Yoles est un rassemblement populaire, une fête de l’identité martiniquaise, et un hommage au savoir-faire local. Il mêle adrénaline, stratégie, tradition et solidarité. Chaque yole est le fruit du travail d’une équipe soudée, de la construction artisanale à l’entraînement quotidien.

Pour les locaux, c’est une fierté. Pour les visiteurs, une expérience unique à vivre au moins une fois. Qu’on suive la compétition de la plage ou à bord d’un bateau, l’émotion est toujours au rendez-vous.

Et si vous êtes à Fort-de-France, le Karibea Squash Hôtel est le spot idéal pour admirer l’arrivée des yoles dans la baie des Flamands et vivre l’ambiance festive de la Yole Party organisée spécialement pour l’occasion. Un moment incontournable pour prolonger l’expérience du Tour en musique et en convivialité !